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La révolution industrielle

Nagasaki et ses sites de mémoire : des lieux incontournables qui ont connu une véritable Révolution 
A l'instar de l'Europe, le Japon a connu un essor économique sans précédent à la fin du 19ème siècle. Contrairement aux pays occidentaux, le Japon a franchi cette étape en laissant derrière lui les structures d'un état féodal pour entrer dans une ère de développement qui a conduit cette nation à devenir une puissance rivalisant avec les États-Unis. Elle a conservé pour 2018 sa place de 3ème puissance économique en termes de PIB, ce qui prouve la vaillance de son modèle. Cette construction originale et unique d'une puissance économique majeure résulte de nombreux paramètres parmi lesquels l'ère Meiji avec la stabilité d'un pouvoir impérial joue un rôle prépondérant. Ce n'est assurément pas le seul atout dont a bénéficié cette nation qui a su mettre à profit son taux de natalité ainsi que le travail des femmes. Le fort sentiment patriotique de ce peuple a su cimenter un pouvoir qui continue de s'exercer. Qu'en est-il des principaux sites de mémoire de cette période de Révolution industrielle qui a métamorphosé durablement le visage de la société japonaise ?

L'île de Gunkanjima : une île et une mine 
Ce qui frappe lorsque l'on découvre cette île située au sud-ouest de Nagasaki, ce sont ces lieux désolés, désertés. Son nom qui veut dire littéralement "navire de guerre" n'a plus rien d'un fier vaisseau mais plutôt d'une épave, d'un vestige que les années ont peu à peu érodé et abîmé. Alors que ce bout de terre de 6,3 hectares comportait le plus fort taux de population au Japon dans les années 1960 avec 84 100 habitants/km2, Hashima de son véritable nom a été entièrement abandonné au moment de la fermeture de ses mines en 1974. En cause, l'épuisement total de ses ressources qui représentaient la manne de cette île proche de la côte-mère. Pourtant son histoire glorieuse avait débuté sous les meilleurs auspices. C'est en 1810 que des gisements de houille sont découverts. À partir de là, leur exploitation draine de nombreux habitants. En 1890, la Mitsubishi Mining Company fait l'acquisition de l'île et débute des forages dans des mines sous-marines. La physionomie de l'île se transforme avec la construction de digues et de nombreuses infrastructures qui vont tripler la superficie de l'ile. Pour loger cette population croissante, la première barre d'immeuble du japon est édifiée en 1916. Après elle, c'est une urbanisation démesurée qui se met en branle pour construire sur chaque m2 de cette île "prodigieuse". Aujourd'hui, c'est un lieu où de nombreux touristes viennent rencontrer leur mémoire. Dès les années 2000, un réel engouement pour ce lieu unique se manifeste. Puis, Gunkanjima est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 2010. Ce statut lui permet de bénéficier de subventions. Certaines réfections sont réalisées et l'île va même servir de lieu de tournage pour des blockbusters comme "Inception" ou encore "Skyfall".Nul doute que cette carrière de star n'apporte quelques paillettes à cette île en reconstruction.

Le musée digital de Gunkanjima : une plongée au cœur de la Révolution 
Depuis 2015, un musée digital a ouvert ses portes à quelques pas de l'embarcadère de l'île. Les visiteurs ont la possibilité de s'immerger complètement dans l'époque faste de l'île "navire de guerre". Parallèlement à des expositions de photos et de vidéos en grandeur nature des mines et de l'urbanisation du début du 20ème siècle, une plongée virtuelle au fond de la mine est proposée aux visiteurs. C'est une expérience qui propose de découvrir les conditions de travail extrêmes des mineurs. Elle est matérialisée par une descente verticale de 1 km dans un puits de mine pour accéder au lieu d'extraction. À cet endroit au fond de la mer règnent une chaleur de 38° et une humidité de 90%. Autant dire que l'expression "mouiller sa chemise" a tout son sens dans un tel environnement. Pour compléter cette visite, les touristes peuvent admirer des artefacts et objets ayant été utilisés par les mineurs. Des maquettes rendent également compte de l'urbanisation étonnante de ce lieu insolite. Le touriste en visite au Japon doit inscrire cette visite dans son périple. 


Proche de Nagasaki : le Manda Pit, une fosse peu commune 
Également connue sous le nom de Manda Kou en japonais, cette fosse fait partie de la mine de charbon Miike, qui était autrefois la plus grande mine de charbon du Japon. Ce lieu d'extraction a joué un rôle essentiel dans la modernisation du Japon pendant l’ère Meiji et dans les années de guerre. Elle a produit jusqu'à 10% de son charbon, permettant ainsi au Japon de répondre aux besoins de la population et des efforts de guerre pour la construction d'armes. C'est grâce à l'apport des technologies de pointe britanniques que la mine a pu être exploitée depuis les années 1880 jusqu'en 1950. L'anecdote relative à sa découverte présente un certain intérêt. C'est en effet au 15ème siècle qu'un agriculteur local aurait découvert des «roches en feu» sur cette colline. Pendant des générations jusqu'à la restauration de Meiji, de simples prospecteurs collectaient et exploitaient manuellement cette ressource. C'est à la fin du 19 ème siècle, lorsque la technologie industrielle a été introduite, que l'ensemble de la mine s'est étendu sur 20 km sous terre. Des milliers de personnes, y compris des femmes et des prisonniers y travaillaient dans des conditions parfois extrêmement difficiles. Le site peut être visité pour une immersion dans un milieu que les nouvelles générations ne peuvent pas soupçonner. C'est un lieu de mémoire pour lequel le World Heritage a émis un avis favorable. On y découvre des installations encore en place qui témoignent de cette activité intense pendant près de 80 ans. 


La maison et le bureau de Glover à Nagasaki un écrin de toute beauté 
Illustrant la complète harmonie entre le style colonial britannique et l'architecture japonaise, la résidence Glover s'étend sur les hauteurs de la ville de Nagasaki. Elle est réputée pour son mélange d'éléments occidentaux et japonais. Ce type d'architecture ressemble beaucoup aux bungalows d'un étage utilisés par des étrangers à Hong Kong ou à Shanghai. Ce modèle de construction a été importé au Japon par des commerçants britanniques comme l'était Thomas B. Glover. Celui-ci a débarqué à l'âge de 21 ans au Japon pour travailler pour la compagnie Matheson. Il crée la Glover Trading Company en 1861. Son succès lui permet de construire cette demeure pour y établir son bureau en 1863. Les vérandas aux sols en pierre, les arches en treillis et les portes-fenêtres font partie des éléments étrangers distinctifs inclus dans la résidence, tandis que l'influence japonaise est visible dans le toit en tuiles et ses tuiles figurant des têtes de démon destinées à conjurer le mal. Le toit a été modifié en ajoutant des cheminées typiquement britanniques. Marquant la collaboration entre ces deux civilisations, la maison a été construite par un charpentier japonais, Koyama Hidenoshin. Ses jardins, particulièrement bien entretenus, incitent le visiteur à déambuler dans ses allées pour admirer le point de vue exceptionnel depuis cette colline dominant Nagasaki et les anciens sites d'extraction minière. Le lieu est conservé en l'état où l'on imagine le jeune et entreprenant Thomas B. Glover en train de traiter des transactions dans un cadre enchanteur. C'est aussi un lieu d'histoire qui permet de rappeler les liens étroits qui ont uni le Japon à la Grande-Bretagne.

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