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Ghibli : légende de l'animation

Studio Ghibli : la légende de l’animation japonaise

Fortement marquée par les mangas et les animations, la culture japonaise jouit d’un patrimoine artistique et créatif impressionnant. Grâce au Studio Ghibli, cet héritage a réussi à traverser les frontières en conquérant les salles de cinéma du monde entier. Le nom du studio de production basé à Koganei est aujourd’hui devenu une référence incontournable dès lors qu’on évoque le secteur très prolifique de l’animation japonaise. Zoom sur cette légende et sur son histoire.

 

Studio Ghibli : un studio discret au rayonnement international

C’est dans la paisible préfecture de Koganei, qui appartient à l’immense métropole tokyoïte, que se dresse les immeubles qui abritent le Studio Ghibli. Prononcez « Djibuli » pour vous conformer à la phonétique japonaise. Loin du regard, c’est pourtant derrière la façade vitrée de cet immeuble que les principaux succès internationaux ont vu le jour, sous la direction de ses deux co-fondateurs, Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Nombreux sont ceux qui tendent à comparer le studio d’animation avec le géant américain Disney, mais les fondateurs comme les fans réfutent respectueusement cette affirmation en disant que chaque entreprise a sa philosophie.

 

Des œuvres qui puisent largement dans les croyances et le folklore nippon

Visionner une œuvre produite par le Studio est une excellente manière de s’imprégner de la vision japonaise de la vie. Au-delà des règles sociaux, l’esprit du shintoïsme se manifeste à travers les nombreux dessins animés. La culture nippone veut en effet que chaque élément qui compose la nature est animé d’une âme. De Totoro à Ponyo en passant par la toute récente Tortue Rouge co-produits avec deux studios européens témoignent de cette foi en une nature vivante. L’esprit de l’au-delà est également présent dans les longs-métrages, pour ne citer que la pérégrination de Chihiro dans le monde spirituel dirigé par la sorcière Yubaba. Les préoccupations écologiques sont omniprésentes, et constituent même parfois la trame principale des animations. Ainsi, dans Pompoko, les tanuki luttent jusqu’à la mort pour préserver leur forêt face aux assauts de bulldozers et du béton. Les dessins animés du Studio Ghibli ne sont pas uniquement destinés aux enfants, mais à un public bien plus large.

 

Hayao Miyazaki : le visage emblématique du Studio Ghibli

En parlant du plus célèbre studio d’animation japonais, le public pense avant tout, et parfois uniquement à Hayao Miyazaki. C’est en effet à ce réalisateur qu’on doit les plus grands succès populaires produits par l’entreprise. C’est en effet à ce grand monsieur du cinéma d’animation qu’on doit Le Voyage de Chihiro, un triomphe planétaire avec plus de 30 millions d’entrées. Jusqu’à aujourd’hui, ce film d’animation est la production la plus populaire du pays du soleil levant avec 24 millions d’entrées enregistrées. Sorti en 2005, Le Château Ambulant est un autre succès majeur du réalisateur, avec 14 millions d’entrées au Japon et 230 millions de dollars de recette sur le plan international. Au total, Miyazaki dirige 9 longs-métrages pour le studio, mais il a déjà connu un succès populaire avec Nausicaa de la Vallée du Vent, produit en 1984 avec le studio Topcraft.

 

Isao Takahata : l’autre co-fondateur de génie

Moins connu du grand public, Isao Takahata est pourtant une grande figure de l’animation japonaise. Le Tombeau des Lucioles, sorti en 1988, a conquis le monde entier avec son émouvante histoire qui parle des conséquences de la guerre. En 1994, on lui doit Pompoko qui dénonce l’urbanisation à outrance qu’a connue le Japon dans les années 60 et l’abandon des valeurs traditionnelles. En 2017, il sort Le Conte de la princesse Kaguya qui se distingue par ses dessins minimalistes. Avent la création du studio Ghibli, il a déjà réalisé quelques œuvres de grande qualité, comme Horus, Prince du Soleil (1968) et Goshu le Violoncelliste (1981).

 

Les autres réalisateurs du Studio Ghibli

Goro Miyazaki, fils du co-fondateur du studio, fait partie de la famille des réalisateurs de l’entreprise d’animation. Celui qui se destinait aux sciences agronomiques a finalement rejoint le studio 2001. En tant que réalisateur, il est crédité de deux longs-métrages, à savoir les Contes de Terremer (2006) et La Colline aux Coquelicots (2011). Morita Hiroyku est un réalisateur qui a commencé à travailler dans le Studio Ghibli en tant que collaborateur sur Kiki la Petite Sorcière, réalisé par Hayao Miyazaki et sortie en 1989. Il quittera par la suite l’entreprise avant d’y revenir à la fin des années 90 pour travailler en tant qu’animateur principal pour le long-métrage Mes Voisins les Yamada (1999). On lui confie par la suite la réalisation du Royaume des Chats qui sortira en 2002. Longtemps pressenti comme le successeur d’Hayao Miyazaki, Yoshifumi Kondō, n’a pu réaliser qu’un film d’animation, Si Tu Tends l’Oreille (1995) avant de succomber a un anévrisme en 1998. Le dernier réalisateur appartenant à la famille Ghibli est Hiromasa Yonebayashi. Entré dans la structure en 1996, il co-dirige l’animation des Contes de Terremer (2006). Il réalisera par la suite deux longs-métrages, Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs (2010) et Souvenirs de Marnie (2014).

On pourrait également évoquer Tomomi Mochizuki qui a réalisé Je Peux Entendre l’Océan (1993), mais sa réalisation n’a été diffusée qu’à la télévision.

 

Joe Hishaishi : compositeur très inspiré

Si la finesse des images et la qualité de l’histoire contribuent au succès des animations du Studio Ghibli, la musique tient également un rôle primordial. Et c’est à Joe Hishaishi que revient la composition de la musique des films du studio. Ses premières compositions remarquables sont audibles dans Nausicaa de la Vallée du Vent. Sa capacité à susciter l’émotion est mondialement reconnue, comme l’attestent ses nombreux prix, dont le Prix de l’Académie Japonaise pour Porco Rosso et le prix de la meilleure musique lors de l’Annie Awards dédié aux animations en 2002.

 

D’où viennent le nom et le logo du Studio Ghibli ?

Le nom du studio est celui d’un avion de reconnaissance italien utilisé lors de la Seconde guerre Mondiale pour la reconnaissance. Il s’agit du Caproni Ca.309 Ghibli. En plus de sa passion pour les avions, c’est cette capacité d’exploration qui lui a inspiré son choix. Le logo est quant à lui aisément reconnaissable, avec la silhouette bienveillante et grassouillette de Totoro. Le producteur Toshio Suzuki affirme qu’il est impossible de créer un autre personnage aussi attachant. C’est l’équivalent de Mickey Mouse chez Disney.

 

Studio Ghibli : l’histoire d’une entreprise en quête de la qualité artistique

L’histoire du Studio Ghibli est essentiellement celle de ses deux co-fondateurs qui ont en commun l’amour de la perfection dans la réalisation. Avant la création du studio en 1985 en effet, l’essentiel des animations japonaises produites au Japon concernait les séries télévisées et les OAV, c’est-à-dire les longs-métrages directement diffusés à la télévision. Les contraintes de réalisation ne permettaient alors pas de se consacrer à des œuvres grandioses comme le souhaitaient Hayao Miyazaki et Isao Takahata. La première collaboration entre les deux hommes sur Nausicaa de la Vallée du Vent marque leur volonté de se distinguer. Bien que sorti en 1984, on considère souvent que c’est le premier chef-d’œuvre du studio, bien que les deux maîtres aient signé avec le Studio Topcraft.

A partir de 1985, les deux hommes fondent le Studio Ghibli. Sur la base de la même équipe qui a créé le long-métrage sorti en 1984, l’entreprise entame sa première réalisation en se penchant sur Le Château dans le Ciel (1986). Avec 800.000 entrées enregistrées à son lancement, l’animation a permis de préserver l’acquis artistique de Nausicaa et assurer à l’équipe les moyens d’envisager l’avenir. L’année 1988 a été prolifique pour le studio. D’un côté, Miyazaki réalise une œuvre tout en légèreté sous le titre Mon Voisin Totoro, tandis qu’Isao Takahata sort un long-métrage mélancolique qui met l’accent sur les dégâts de la guerre, Le Tombeau des Lucioles. Ce dernier est devenu l’un des classiques du cinéma japonais en raison de son message poignant. Le premier grand succès du studio arrive avec Kiki la Petite Sorcière (1989). Cette attachante histoire est l’adaptation d’un roman populaire destiné à un jeune public. En 1991, Souvenirs Goutte à Goutte confirme la popularité des productions Ghibli en totalisant plus de deux millions d’entrées deux mois après sa sortie. Ce film méconnu en France est réalisé par Isao Takahata et évoque les joies de la vie à la campagne.

Les succès continuent de se succéder jusqu’en 2013 où Le Conte de la Princesse Kaguya connaît un accueil mitigé, tant critique que populaire.

 

Le Voyage de Chihiro : un succès devenu un classique mondial

Produit avec un budget de 19 millions de dollars, Le Voyage de Chihiro engrange un total de 274 millions de dollars dans le monde entier. Hymne au shintoïsme et à la collectivité qui caractérise le Japon traditionnel, ce chef-d’œuvre est récompensé par l’Ours d’or en 2002 au Festival de Berlin, et par l’Oscar du meilleur film d’animation. Dessiné à la main et retouché avec parcimonie sur ordinateur, chaque scène impressionne par la richesse des décors. Librement inspiré d’Alice au Pays des merveilles de Lewis Carroll, le film se distingue par l’impossibilité de déterminer les limites entre le réel et l’imaginaire. En 2016, le New York Times l’a classé deuxième dans sa liste des 25 meilleurs longs-métrages du XXIe siècles produits jusqu’alors.

 

Les thèmes récurrents du Studio Ghibli

Le thème de l’environnement et de l’écologie est très présent dans les productions Ghibli, plus particulièrement dans Princesse Mononoké (1997) où les usines et les forêts sont en contradiction. Le féminisme s’insère également dans cette œuvre à travers le personnage fort du rôle principal. Dans Nausicaa de la Vallée du Vent, l’association de la féminité forte et de la lutte contre la pollution nous gratifie également d’une histoire poignante et rythmée. Pompoko est bien évidemment un puissant pamphlet contre la betonisation à outrance du monde.

Le voyage initiatique, celui qui aide son héros à mûrir, revient également régulièrement dans les films du Studio Ghibli. De Chihiro à Porco Rosso en passant par le Royaume des Chats et Le Conte de Terremer, nos héros parcourent un monde particulier à la recherche d’une destinée qui semble à première vue indéfinissable.

Grande passion d’Hayao Miyazaki, le ciel et l’aéronautique tiennent une place de choix dans les histoires écrites par ses soins. Outre Porco Rosso qui est entièrement dédié aux avions, Le Château dans le Ciel (1986), Le Vent se Lève (2013) comptent de nombreuses scènes aériennes.

 

Le Studio Ghibli fidèle à l’animation traditionnelle

Alors que le studio est né avec les premiers pas de l’informatique et de la numérisation, le Studio Ghibli n’a jamais succombé à l’appel du tout numérique. Chaque dessin, même pour les dernières productions sorties en 2014, est toujours dessiné à la main. La liberté propre à l’artiste s’en trouve alors illimitée. Les retouches à l’ordinateur ont juste pour objectif d’accroître le réalisme de chaque scène.

 

Le musée Ghibli : admirer la genèse d’un dessin animé

Créé en 2001 dans le parc Inokashira, dans la banlieue occidentale de Tokyo, le musée Ghibli arbore une architecture fidèle aux films du studio. Cette étape incontournable pour les cinéphiles du monde entier arbore ainsi des tons colorés ainsi que des formes qui évoquent la nature et l’imaginaire. Construit par Goro Miyazaki, le musée est un lieu où les visiteurs se laissent aller aux rêveries inspirées par les mondes imaginaires du studio. En plus des représentations de personnages, le lieu projette des courts-métrages exclusifs. Comme les appareils photos et les caméras sont interdits dans l’enceinte, seuls les visiteurs ont le privilège de visionner ces œuvres de grande qualité. Des expositions temporaires consacrées à d’autres réalisateurs sont régulièrement proposées. « Egarons-nous ensemble ! », le slogan du musée, est en totale conformité avec la philosophie de l’entreprise.

 

Studio Ghibli : des chefs-d’œuvre pour la postérité

Chacun des 21 longs-métrages du Studio Ghibli est une œuvre léguée aux générations futures. Populaires ou moins connues, chaque film a fait l’objet d’une dévotion totale de la part des scénaristes et des animateurs. Les amateurs d’animation japonaise les acquièrent souvent dans leur totalité pour compléter leur vidéothèque. Le message intemporel, la beauté de chaque image, la musique inspirante ainsi que la diversité du public-cible rend chaque œuvre agréable à visionner encore et encore.

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