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Himeji

Himeji : découvrez le château de la princesse Sen

S’il y a bien un château à ne manquer sous aucun prétexte au Japon, c’est celui de Himeji, une ville située dans la province de Hyōgo. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, le héron blanc, c’est son surnom, est l’un des trésors culturels du pays… c’est ici que la princesse Sen a vécu et construit son culte à venir !

Présent dans de très nombreux films, l’édifice fait assurément la fierté de tout un peuple. Partons donc à la découverte de ce haut-lieu du tourisme japonais, entièrement construit en bois ! Histoire, conseils pratiques, visite, entrons dans le Saint des saint…

Le plus grand château japonais

Situé à Himeji, ville du sud-ouest de la province de Hyōgo, le château de Himeji est aussi connu sous le nom de « Shirasagi-jō », château du héron blanc. Au premier coup d’œil, on comprend pourquoi, tellement sa blancheur est immaculée !

Ce château, le plus grand château féodal du Japon, s’étale sur plus de 230 hectares et il est constitué de 83 bâtiments. Le donjon principal culmine, lui, à plus de 92 mètres de haut !

Véritable chef-d’œuvre de l’architecture japonaise, il est, à la fois, esthétique et a parfaitement joué son rôle de forteresse tout au long des siècles. Entièrement en bois, Il a en effet été construit afin de faire perdre le sens de l’orientation à ses assaillants… et aujourd’hui à ses touristes ! Essayez, vous vous y perdrez comme tout le monde…

Près de 7 siècles d’histoire

Raconter l’histoire de château de Himeji, c’est remonter au 14ème siècle. Akamatsu Norimura, seigneur de la province de Harima, décide de la construction du château, sur la colline de Himeyama, en 1333. Le chantier durera 13 ans, mais c’est un château qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Beaucoup plus petit, il a été agrandi par les seigneurs successifs !

Et, parmi eux, le samouraï chrétien, Kuroda Kanbei, qui jouera un rôle important durant la guerre civile qui touche le Japon au 16ème siècle. C’est sous sa direction que le donjon sera rehaussé de 3 étages ! 

En 1600, la famille Toyotomi perd le contrôle du Japon au profit des Tokugawa. Le nouveau shogun, Tokugawa Ieyasu, offre alors le château à son beau-fils, Ikeda Terumasa. C’est à lui que l’on doit la forme actuelle de l’édifice.

Revirement de situation en 1617, le shogun reprend le domaine pour l’offrir à Honda Tadamasa, un autre de ses fidèles. Débute alors une histoire dans la grande histoire, celle de la princesse Sen… 

Le château de la princesse Sen

La princesse Sen, belle-fille du nouveau seigneur des lieux, est un personnage-clé de l’histoire du château. Elle a d’ailleurs inspiré de nombreux dramaturges japonais par la suite… c’est en effet une héroïne comme le Japon les aime ! Fille du second shogun Tokugawa, elle sera utilisée, à plusieurs reprises, comme monnaie d’échange afin de sceller des alliances.

Mariée une première fois à l’âge de sept ans, son mari se suicide. Remariée à nouveau pour des raisons politiques, le couple s’installe alors dans le château de Himeji en 1617. Elle donnera naissance à deux enfants.

Mais les drames se succèdent : la mort de son fils à l’âge de 3 ans, son père disparait à cause de la tuberculose. Puis, c’est au tour de sa mère. Détruite par le chagrin, la princesse Sen décide alors de devenir nonne bouddhiste. Elle décide de quitter le château de Himeji pour s’installer à Edo, la capitale shogunale et ce, jusqu’à sa mort.

Au château, aujourd’hui encore, l’empreinte de la princesse est importante. Le Kesho Yagura, la pièce dans laquelle la princesse Sen se reposait, lui est dédiée, une exposition raconte sa bouleversante histoire.

Par la suite, la vie du château sera beaucoup plus calme… 3 siècles de paix, jusqu’au 19ème siècle et la période Meiji !

Un chef d’œuvre longtemps en péril

Le château de Himeji est, à coup sûr, l’un des joyaux de l’époque féodale du Japon, mais c’est aussi un véritable chef d’œuvre en péril, miraculeusement préservé… aucun tremblement de terre, ni typhon n’a eu raison de lui, pas plus que la seconde guerre mondiale !

La première grande frayeur fut la période Meiji, à la fin du 19ème siècle. Une guerre civile redonne les commandes du pouvoir à la famille impériale qui, soucieuse d’industrialiser et d’occidentaliser le pays, souhaite faire disparaitre les traces du système féodal… c’est donc le cas des châteaux que l’empereur condamne à la destruction ! Fort heureusement, au dernier moment, le château de Himeji fait partie d’une liste de 57 châteaux à conserver… d’innombrables autres édifices n’ont pas eu cette chance et ont été détruits !

Vendu ensuite aux enchères à un habitant de la ville pour une somme dérisoire, 23 yens (soit environ 2000€), son nouveau propriétaire voulait le démolir, mais il ne l’a finalement pas fait car cela lui aurait couté trop cher. Cela sauvera, une nouvelle fois, l’ancienne demeure des seigneurs de Harima !

Tout aussi miraculeux, le château n’a pas souffert de la seconde guerre mondiale. Les B29 américains ont pourtant souvent bombardé la ville, la détruisant presque entièrement, mais un seul bâtiment a tenu debout, le château. Une bombe a même été lâchée sur le héron blanc, mais elle n’explosera pas !

En 1995, un tremblement de terre meurtrier détruit la région, le château, lui, reste en place… on ne détruit pas aussi facilement un bâtiment qui se trouve sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1993 !

Une restauration superbe

Un lieu autant épargné par les dieux mérite bien une toilette régulière. Tous les 50 ans, le site ferme donc ses portes pour une restauration. La dernière en date a eu lieu d’octobre 2009 à mars 2015.

Des travaux titanesques qui lui ont permis de retrouver sa beauté d’antan. Au menu des travaux : le remplacement des tuiles et un coup de peinture à la chaux sur l’ensemble des extérieurs… le héron blanc ne pouvait pas rester gris plus longtemps !

Des travaux qui ont couté plus de 2,5 milliards de yens (environ 18 millions d'euros) à la charge de l’État, désormais propriétaire des lieux, même si sa gestion a été confiée à la municipalité de Himeji.

Conseils pratiques pour visiter le château

Si vous souhaitez visiter ce magnifique édifice, sachez qu’il est ouvert tous les jours de 9h à 17h (de septembre à mars) et jusqu’à 18h, d’avril et la fin août. Ses seuls jours de fermeture : les 29 et 30 décembre.

Le prix d’entrée ? Comptez 1000 yens (environ 8 €) par personne et rajoutez 40 yens si vous souhaitez également déambuler dans les magnifiques jardins. Les enfants payeront, quant à eux, 300 yens (environ 3€). Vous pouvez vous approcher du château et marcher à son pied gratuitement, mais sa visite vaut largement une dépense de 1000 yens ! En effet, ce château labyrinthique recèle de jolies découvertes qu’ils seraient dommage que vous ratiez… par exemple, une fois au sommet, vous pourrez même prier dans le sanctuaire et admirer la ville en contrebas !

Pour profiter au mieux du château et même des jardins Kokoen qui le jouxte, prévoyez de rester à Himeji une demi-journée. Petit conseil, il est préférable d’arriver à l’ouverture du site, à 9h. Dès 10 ou 11 heures, le château est noir de monde. Attention, pour faire face à son succès, et pour des raisons de sécurité, le nombre de visiteurs quotidiens est limité à 15 000 personnes !

Une affluence encore plus impressionnante le weekend, il faut dire que les samedis et les dimanches, gardes et troupes sont habillés en armures féodales… vous aurez peut-être même la chance d’apercevoir des ninjas qui font régulièrement leur apparition !

Dernière précaution, laissez votre drone à l’hôtel car il est strictement interdit de faire voler ces engins, extrêmement populaires au Japon, au-dessus du château… le héron blanc souhaite rester le seul maitre des cieux ! 

Que ne faut-il pas manquer à l’intérieur ?

Vous commencerez forcement la visite du château, composé de 3 enceintes, en admirant et en franchissant la magistrale porte d’entrée. Face à vous, le San-no-Maru qui ressemble aujourd’hui à une grande place vide. Auparavant, de nombreuses maisons se tenaient dans cette partie du château. Désormais, c’est la billetterie qui se trouve à cet endroit…

Pour débuter la visite des lieux, vous aurez le choix entre deux enceintes (I-no-Mori et Ro-no-Mori), nous vous conseillons de tourner à gauche (enceinte ouest) afin de garder le donjon pour la fin de la visite. Là, vous découvrirez d’étonnantes coursives et les tours de la muraille extérieure du château. Ne manquez pas la tour Kesho Yagura, vous y admirerez une exposition permanente sur la princesse Sen.

Après avoir visité la partie ouest du château, direction la première enceinte, le Bizen Maru. C’est là que se dresse la tour principale. Le donjon du héron blanc est impressionnant : cinq étages en bois. Il est possible de monter à son sommet en empruntant un tout petit escalier, lui aussi en bois. Au premier étage, vous pourrez faire une halte au musée de l’arsenal (armures, sabres, etc). Au dernier étage, un autel est dressé pour la prière… voilà pourquoi il a fallu que vous vous déchaussiez pour monter les 5 étages !

Même si le château n’a connu aucune bataille, le donjon principal est une véritable structure défensive. Pas de doute puisque vous y verrez des trappes et des meurtrières… tout est fait pour que l’assaillant soit, très vite, pris au piège !

Comment se rendre à Himeji ?

La ville de Himeji et son château sont très faciles d’accès de la plupart des grandes villes du Japon. De la capitale, Tokyo, deux lignes, JR Tokaido et Sanyo, relient Himeji en moins de 3 heures. Comptez environ 15 000 yens par personne (125€) pour l’aller-retour.

Mais, lors de votre séjour au Japon, si vous passez par Kyoto, Osaka ou Kobe, c’est de là que l’accès est le plus rapide. La ligne JR Tokaido-Sanyo Shinkansen vous y emmènera en moins d’une heure depuis Kyoto et seulement 30 minutes depuis Osaka et Kobe.

L’addition sera également moins salée que depuis Kyoto : une quinzaine d’euros par personne depuis Osaka et Kobe, une trentaine depuis Kyoto. De plus, pas besoin de passer la nuit à Himeji, vous pourrez faire l’aller-retour dans la journée ! 

Si vous arrivez à Himeji en train, de la gare, prenez la rue Otemae-dori. En 15 minutes de marche, vous serez au château. Le bus numéro 8 vous y emmène aussi en 5 minutes.

Bien sûr, rien ne vous interdit de vous rendre à votre rendez-vous avec l’histoire en voiture. Comptez 2 heures de route depuis Kyoto, une 1h30 depuis Osaka et 1 heure seulement depuis Kobe. Quelle que soit l’autoroute que vous emprunterez (Chugoku Expressway, Sanyo Expressway ou encore Hanshin Expressway), le château se trouvera, à chaque fois, à une quinzaine de minutes des sorties d’autoroute. Et, sur place, vous n’aurez aucun problème pour stationner votre véhicule à proximité du château, de nombreux parkings sont à votre disposition.

Que visiter d’autres à proximité du château ?

Venir à Himeji pour visiter le château, c’est bien, mais il serait évidemment dommage de ne pas profiter des quelques attractions toutes proches. Il y a, bien sûr, les jardins de Kokoen, à 2 minutes à pied du château. Ce sont 9 jardins traditionnels japonais. Ils se trouvent à l’emplacement d’une ancienne demeure du seigneur de Himeji.

Tout aussi proche, se trouve le musée municipal des beaux-arts. Dans une ancienne caserne d'infanterie, vous découvrirez une très belle collection de peintres surréalistes belges, dont René Magritte.

Le Musée d'histoire de la préfecture de Hyōgo présente, lui, de nombreux objets et documents historiques qui concernent le château de Himeji. Il est à moins d’une minute à pied du musée municipal des beaux-arts.

Le cimetière Nagoyama surplombe la commune. Comptez une quinzaine de minutes pour vous y rendre. Son immense stupa (mausolée bouddhiste) de 38 mètres de haut s’aperçoit de toute la ville et son intérieur est somptueux !

Reste à découvrir lors de votre visite à Himeji, le temple Engyoji, sur le mont Shoshazan. Vous y admirerez 3 magnifiques bâtiments et de nombreuses statues classées « biens culturels importants » par l’Unesco. Ludique, il vous faudra prendre un téléphérique pour vous y rendre. Ce temple qui appartient à l'école du bouddhisme Tendai depuis plus de 1000 ans vaut lui aussi le détour !

Vous ne connaissiez le château de Himeji qu’à travers les films d’Akira Kurosawa (Ran, Kagemusha), la série-culte Shôgun, ou encore le James Bond, On ne vit que deux fois, eh bien vous l’avez désormais visité comme près de 3 millions de touristes chaque année… le héron blanc n’a plus de secret pour vous et il restera gravé en vous, à jamais !

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