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Musée du manga

On ne présente plus le manga, cet art graphique japonais devenu majeur grâce à la reconnaissance mondiale qu’il a obtenu depuis son apparition en occident dans les années 90. Digne héritier des arts picturaux traditionnels et des scénarios historiques et fantastiques de l’Ancien Japon, le manga ne peut plus être considéré comme une simple bande dessinée, au sens où on l’entend chez nous. Bien sûr nous aussi avons nos maîtres et nos chefs-d’œuvre, mais le manga s’est imposé parce qu’il est un genre à part, typiquement japonais, avec des codes désormais universellement acceptés. Cette codification propre à l’âme du peuple de l’Archipel a été totalement intégrée par des lecteurs qui ne la comprennent pas forcément et c’est pour cela, peut-être, que l’existence-même d’un Musée International du Manga est une démarche originale et salutaire pour bien saisir l’énorme portée de ce courant artistique contemporain.

Le neuvième art japonais a son musée international

Situé au centre-ville de Kyoto non loin du château de Nijo, l'ancienne résidence du shogunat Tokugawa, le Musée International du Manga de Kyoto, c’est son nom complet, est consacré à ce neuvième art aujourd’hui célébré dans le monde entier. Il s’est ouvert en 2006 dans une ancienne école primaire mais cela n’a plus aucun rapport avec l’âge actuel des lecteurs assidus de manga. La création d’un musée à sa gloire signifie bien que cet art graphique a conquis plusieurs générations et qu’il n’est plus réservé à une classe sociale ou à une tranche d’âge bien définie. Bien au contraire. Les 300000 ouvrages répertoriés qui peuplent les collections du musée sont bien sûr tous en japonais, avec cependant quelques exceptions en anglais et en français, langues des pays qui les premiers ont reconnu ce phénomène culturel. Cela semble bien normal puisque l’essentiel de la production se fait dans la langue nationale. Rassurez-vous les explications et le guide audio qui sont fournis sont disponibles en cinq langues, dont le français. Le musée propose également la consultation de magazines illustrés de l'époque Meiji comme pour rappeler la filiation historique du manga. On peut surtout s’y émerveiller devant un montage à nul autre pareil, sous forme d’exposition permanente, qui retrace l’histoire du genre.

Une codification somme toute bien japonaise

Au Musée International du Manga de Kyoto toutes les œuvres réunies sont classées par années de sortie. C’est certainement le seul moyen de pouvoir faire se côtoyer des productions très diverses dont seuls certains codes permettent d’en identifier la parenté. En japonais il faut savoir que le terme manga est générique pour définir les bandes dessinées, chez nous ce sont plutôt celles qui justement sont japonaises. Si elles trouvent leurs origines au XVIIIème siècle, principalement avec les Ukiyo-e, estampes japonaise gravée sur bois, elles ne seront reconnues mondialement qu’un peu avant la seconde guerre mondiale. C’est dans les années 80 qu’apparaissent les dessins animés japonais, les « anime », en France. Les mangas édités sur papier suivront dans les années 90. Au début de leur commercialisation ils sont presque toujours en noir et blanc, imprimés sur du papier souvent recyclé pour des raisons de coûts. La couleur les rend de plus en plus populaires et ils deviennent vite des superproductions qui comprennent plus d’une centaine de planches. Cela est dû au découpage temporel très détaillé du manga qui donne une grande part à l’action des personnages. 
Les expressions aussi sont très détaillées. On y trouve le concept unique d’onomatopées retranscrites visuellement comme le sourire « niko niko », le silence « shiin » ou le scintillement « pika pika » d’où provient le nom Pikachu. Bizarrement les héros adoptent souvent des traits occidentaux, ils étaient déjà présents dans les Ukiyo-e tardifs, mais tout dépend des goûts du « mangaka », le dessinateur de mangas. Les attitudes des personnages sont outrancières à la grande différence de celles des japonais dans leur contexte social quotidien. Aucune transition n’est faite entre l’absurde, le merveilleux, le comique ou le drame. Les héros des mangas peuvent aussi librement s’exprimer hors des cadres du dessin. 
Il existe de nombreux types de mangas. Les « Komodo » sont pour les enfants, les « Shojo » et « Shonen » sont destinés l’un aux adolescentes romantiques et l’autre aux adolescents combatifs. Les « Jose » et les « Seinen » s’adressent respectivement aux femmes et aux hommes adultes. Dans l’univers des mangas il n’est pas fait de distinction entre l’érotisme et la pornographie. Si les « Ecchi » pourraient être qualifiés par notre culture d’œuvre érotiques, les « Yaoi », parfois très crus, peuvent être à tendance homosexuelle masculine et les « Yuri » des « romances » entre femmes. Il existe bien d’autres genres définis par le type de leur histoire ou même par le format physique du manga.

Comment profiter de ce fond unique de culture contemporaine

C’est un réel plaisir de pouvoir feuilleter des ouvrages si dissemblables, même dans la cour ou sur la terrasse de ce grand édifice de trois étages. Le musée est accessible tous les jours sauf le mercredi. Si celui-ci tombe un jour de fête nationale la fermeture sera reportée au jour suivant. Un adulte devra s’acquitter de la somme de 800 yens, les étudiants et les élèves des grandes classes de 300 yens et les élèves des classes élémentaires ne payeront que 100 yens. Des remises sont prévues pour les groupes. Pour se rendre au Musée International du Manga de Kyoto il existe plusieurs solutions. En métro il faut prendre les lignes Karasuma ou Tozai. A la station Karasuma Oike prenez la sortie n°1 et tournez tout de suite à gauche. Traversez directement en face au carrefour Karasuma Oike, tournez à droite au coin puis marchez pendant environ deux minutes. En train le musée est accessible par les chemins de fer JR, Hankyu, Keihan et depuis l’aéroport international Kansai. Il vous suffit de rejoindre la station Karasuma et de prendre le métro en direction de Kokusai Kaikan. Descendez au troisième arrêt, Karasuma Oike, puis marchez pendant environ deux minutes. En bus prenez celui de la ville de Kyoto portant le numéro 15, 51 ou 65 qui vous emmènera directement à l’arrêt Karasuma Oike. Le bus de Kyoto-agglomération vous y emmène également grâce aux lignes 61, 62 et 63. Notez que le musée ne dispose pas de places de parking. Bonne lecture.

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